Selon l’avocat général près la CJUE, si une grève organisée par des syndicats de pilotes constitue, en principe, une circonstance extraordinaire pouvant libérer la compagnie aérienne de son obligation d'indemnisation pour les vols retardé ou annulés, la compagnie doit néanmoins prouver qu’elle a adopté toutes les mesures raisonnables afin de les éviter.Du 26 avril au 2 mai 2019, une grève de pilotes organisée par les syndicats de la compagnie aérienne Scandinavian Airlines System (SAS) a engendré l'annulation de plus de 4.000 vols, ce qui a affecté environ 380.000 passagers. Dans le cadre d'un litige relatif à la demande d'indemnisation de l'un d'entre eux, l’Attunda tingsrätt (tribunal de première instance d’Attunda, Suède) a demandé à la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) d’interpréter le règlement  n° 261/2004 du 11 février 2004 sur les droits des passagers aériens. Dans ses conclusions rendues le 15 mars 2021 (affaire C 28/20), l’avocat général Priit Pikamäe estime, premièrement, qu’une grève organisée à l’appel d’un syndicat, dans le cadre de l’exercice du droit de grève par le personnel de la compagnie aérienne, en vue d’exprimer des revendications tenant à l’amélioration des conditions de travail, lorsqu’elle n’est pas déclenchée par une décision préalable de l’entreprise, mais par les revendications des travailleurs, constitue une "circonstance extraordinaire" exonératoire. Une telle grève n'est en effet pas inhérente à l’exercice normal de l’activité de la compagnie aérienne et échappe à sa maîtrise effective.L’avocat général ajoute que la compagnie aérienne ne peut pas être tenue exclusivement responsable des conséquences découlant des actions collectives du personnel, ce qui risquerait d'"instrumentaliser" le droit à indemnisation des passagers aériens à des fins de mouvements sociaux. Deuxièmement, l’avocat général rappelle qu’une "circonstance extraordinaire" libère une compagnie aérienne de son obligation d’indemnisation uniquement si elle est en mesure de prouver qu’elle a adopté toutes les mesures raisonnables afin d’éviter l’annulation ou le retard important d’un vol. Ainsi, selon l’avocat général, la compagnie aérienne doit exploiter toutes les possibilités légales pour défendre ses intérêts et, indirectement, ceux des passagers, y compris demander aux tribunaux compétents d’établir l’illégalité des actions collectives et, le cas échéant, d’ordonner leur cessation. Par ailleurs, elle doit faire en sorte de faciliter l’accès à des vols sur d’autres compagnies. SUR LE MEME SUJET : CJUE : “grève sauvage” d’un personnel naviguant non constitutive d’une circonstance extraordinaire - Legalnews, 23 avril 2018